L’abbaye Notre-Dame d’Ourscamp connut plusieurs vies. L’austère monastère cistercien du Moyen-Âge laissa place à une abbaye de style classique, presque entièrement reconstruite au sud de la grande église avant de s’enrichir de nouveaux bâtiments au cours du XVIIIème siècle.
L’aile de Lorraine fut érigée à partir de 1677, date à laquelle le prince de Lorraine, alors abbé commendataire laïc, décida de réédifier la plupart des bâtiments conventuels médiévaux dans le style classique. Elle s’élève sur une partie de l’emplacement de l’ancien dortoir des convers bordant le cloître médiéval, tous deux démolis à cette époque. Il est important de rappeler que l’aile de Gesvres et le porche à colonnes dissimulant l’église gothique ont été rajoutés seulement 60 ans plus tard, avec un souci évident de composer une façade monumentale de l’abbaye en se basant sur l’esthétique de l’aile de Lorraine. Si les deux ailes semblent se répondre naturellement depuis le XVIII ème siècle, l’aile de Lorraine fonctionnait plutôt à l’origine dans l’ensemble conventuel regroupé au sud de l’église abbatiale. Une deuxième aile en retour, vraisemblablement sur le même modèle, bordait le sud du cloître agrandi par rapport à celui de la période médiévale.
Après la révolution, les religieux quittèrent l’abbaye qui fut mise en vente comme de nombreux autres ensembles monastiques. Rachetée successivement par de riches industriels, l’abbaye fut alors reconvertie en manufacture textile et ses bâtiments furent profondément transformés. Paradoxalement, c’est cette reconversion qui assura sa sauvegarde en préservant la cohérence d’ensemble des bâtiments malgré la disparition de son église dont les ruines furent classées Monument Historique sur la liste de 1840.
D’intenses bombardements français sur ce site occupé par les ennemis eurent des conséquences dramatiques sur l’aile de Lorraine lors de la Première Guerre Mondiale. Privée de sa toiture et de toute sa travée arrière, l’aile de Lorraine resta depuis lors incomplète et inoccupée. Une tentative de restauration dans les années 40 aboutit à de lourdes transformations interrompues par le nouveau conflit mondial. Les bâtiments conventuels et leurs dépendances furent classés au titre des Monuments Historiques par arrêté du 16 juin 1943.