Âgés de 25 à 60 ans, la très grande majorité des travailleurs sont des hommes natifs de la région ou y vivant. Certains ont été sans domicile fixe, d’autres ont abandonné leurs études ou sont au chômage depuis plusieurs années. Pour ce qui est des étrangers issus de l’immigration, « nous essayons de leur parler en français pour qu’ils progressent et qu’ils puissent s’insérer complètement », explique Carole, encadrante technique d’insertion. Pour eux, un parcours spécifique d’apprentissage du français est prévu. Le chantier fait donc appel à des prestataires qui s’engagent à former des personnes en besoin de réinsertion. Un partenariat avec Pôle Emploi a été mis en place à cet effet. « Le but est de permettre un accompagnement concret vers un emploi pérenne et de redonner une chance aux plus fragiles » explique Marie-Christine Hazard, directrice du Pôle Emploi de Noyon.
Ce sont des blessés de la vie qui réparent un bâtiment blessé de guerre. Plus qu’un chantier, c’est aussi une main tendue.
Les entreprises concernées par ces accords pourront embaucher à l’issue du chantier les ouvriers qu’elles ont formés. Toutefois, tous ne sont pas voués à rester dans le secteur du bâtiment : « le chantier est plus un support qu’une finalité en soi. Nous recherchons des gens motivés pour s’investir dans cette entreprise de restauration et ensuite trouver leur place dans la société, quelle qu’elle soit. Nous les accompagnons sur un projet que l’on définit ensemble : cela va des métiers de l’entretien, à la sécurité en passant par la logistique ».
Si le taux d’insertion à l’issue de cette mission n’est pas de 100%, certains y trouvent souvent une nouvelle vocation. Christophe, 60 ans, ne travaillait plus depuis environ 5 ans. Il est arrivé en mars 2022 sur le chantier de l’aile de Lorraine en tant qu’ouvrier, « un poste qu’il n’est pas prêt de quitter car il y est très bien intégré », selon Carole, d’autant que l’entreprise chargée de son insertion lui propose un CDI d’inclusion, donc un emploi jusqu’à sa retraite. Il s’agit d’un contrat signé entre une structure d’insertion pour l’activité économique (SIAE) et une personne d’au moins 57 ans sans emploi. « Finalement, ce sont des blessés de la vie qui réparent un bâtiment blessé de guerre. Plus qu’un chantier, c’est aussi une main tendue », estime le père Pierre-Marie.
EXTRAIT de l’article de Cécile Séveirac publié le 01/11/22 sur ALETEIA